L'effet FOMO est-il le mal-être de notre siècle ?

Aujourd’hui, le numérique fait partie intégrante de nos vies. Réseaux sociaux, internet, messagerie, applications, notre quotidien est dicté par nos notifications. Pourtant, malgré cette omniprésence des réseaux sociaux et leurs poids dans nos vies, on ne cesse de renforcer notre dépendance au numérique. Mais pourquoi ? A-t-on peur de louper une info ? Cela, nous procure-t-il du stress en plus et de l’anxiété ? Découvrons ensemble l’effet FOMO et les dérives de la consommation excessive de numérique dans nos vies.

L'effet FOMO, C'est quoi ?

FOMO, c’est l'acronyme de “Fear of missing out”, soit “la peur de manquer quelque chose”. C’est une anxiété qui nous encourage à rester connectées et actifs sur les réseaux sociaux, car on a peur de louper une publication ou un événement.Ce mal-être, dû au numérique, peut émerger suite à la vision d’une fête entre amis à laquelle vous n’avez pas été convié, ou suite à une publication d’un influenceur en vacances dans son yacht ou encore suite à un concert auquel vous avez vu beaucoup de vos proches allés.

Pour certains chercheurs, il s'agirait du “nouveau mal du siècle”. Tel le Spleen du 20e siècle, l’effet FOMO touche toute la population actuelle. On passe tous par des phases d’envie, où l’on désire voir jalouse la vie d’autrui, car elle nous semble plus épanouie, plus trépidante, plus confortable. De plus, on a du mal à perdre le contact avec les autres ? On ressent ce sentiment fort de devoir être en contact en permanence avec tout le monde sur les réseaux sociaux. Là encore, on retrouve cette anxiété de louper quelque chose puisqu’on regarde la vie des autres pour savoir ce qu’ils font. Parfois, on peut même ressentir de l’anxiété à l’idée d’avoir loupé l’événement de la vie d’un de nos amis sur les réseaux, et d’être exclu comparé à ceux qui ont pu voir cet événement. Et oui, c’est une boucle d’anxiété qui n’en finit pas !

Pourquoi souffre-t-on du scrolling ?

L’effet FOMO a plusieurs conséquences sur notre quotidien et notre santé. Même s’il ne s’agit pas d’une maladie psychique en soi, ce phénomène peut être un frein à notre épanouissement.

Le premier effet indésirable, c’est le temps passer sur les réseaux sociaux. On scroll jusqu’à arriver à s’endormir devant son téléphone. Même si la plupart du temps, on descend notre fil d’actualité sans même regarder, notre pouce continue de slider jusqu’à épuisement. On parle même de domoscrolling. C'est-à-dire qu’on traîne sur les réseaux sociaux jusqu’à devenir complètement inerte voir déconnecté cérébralement. Cet état végétatif et ce temps perdu nous procurent alors un sentiment de culpabilité, d’inaction et de passivité extrême, et peut nous faire nous sentir moins confiant.e et plus seul.e .

En plus de ce sentiment d’envie et de jalousie, cela peut nous faire ressentir beaucoup d'ennui et de dévalorisation. On voit des vies qui semblent spectaculaires à des moments où nous sommes dans le train ou dans notre canapé, et on a alors l’impression que notre vie est nulle et sans intérêts. On s’enfonce alors un peu plus dans la toile alors que cela ne nous fait pas du bien. Cela baisse notre motivation à faire d’autres activités, et en même temps, cela souligne à quel point le scrolling est une activité vide de sens et ennuyeuse.

L’effet FOMO peut également causer des effets physiques et psychiques comme la difficulté à se concentrer, une agitation intérieure, un état dépressif, du stress, des troubles du sommeil ou encore des troubles psychosomatiques tels les maux de tête et les sueurs. Ce phénomène semble alors être réellement néfaste pour notre bien-être intérieur. Il peut toucher n’importe qui, mais surtout les personnes très actives sur les réseaux donc les enfants, les ados et les jeunes adultes.

Pour savoir si vous êtes atteint par l’effet FOMO, posez-vous c’est quelques questions :

• Consultez-vous vos réseaux sociaux tous les jours quand vous êtes en vacances ?

• Pendant les activités pratiquées avec vos amis, réfléchissez-vous déjà à ce que vous allez poster sur les réseaux sociaux ?

• Vous sentez-vous agité si vous n’êtes pas en mesure de savoir ce que font vos amis ?

• Vous sentez-vous un peu frustré quand vous constatez, au moyen des réseaux sociaux, que vos amis ont entrepris quelque chose sans vous y convier ?

• Consultez-vous les réseaux sociaux même pendant les repas ou lors de soirées avec vos amis ?

Si vous répondez à au moins une des questions par oui, c’est que vous avez déjà été atteint par l’effet FOMO. Dans le pire des cas, vous pouvez vous rendre compte que vous avez une addiction certaine au réseaux sociaux, mais pas de panique chaque problème à sa solution !

Comment lutter contre l'effet FOMO ?

Après l’apparition du phénomène FOMO, l'entrepreneur Anil Dash invente le concept du JOMO c'est-à-dire “Joy to miss out”, soit “ la joie de manquer quelque chose”. À l’inverse de l’effet FOMO, le JOMO, c’est rejeter au maximum l’électronique et les appareils numériques. Ainsi, en prenant plus de distance avec les réseaux sociaux, on peut plus facilement voir un esprit critique sur les effets néfastes des réseaux sociaux.

L’effet JOMO, c’est refusé de répondre aux injonctions imposées par les réseaux sociaux, les influenceurs, les coachs de vie et de développement personnel. Une façon de contredire drastiquement les diktats du numérique et de la toile. Mais pour qu’il soit correctement appliqué, il faut conscientiser la raison de ce rejet et les moyens efficaces pour sortir de l’addiction du numérique.

Comme toute addiction, il faut prendre son temps pour comprendre pourquoi cette addiction nous touche ? Pourquoi est-elle néfaste pour nous, nos relations et nos projets ? Et comment y remédier durablement afin de ne pas retomber dedans une fois la première étape franchie ?

Voici nos conseils pour lutter contre ce fléau numérique :

1. Se déconnecter : le moyen le plus efficace pour lutter contre l’effet FOMO, c’est de ralentir les réseaux sociaux ! Vous pouvez choisir de vous connecter moins longtemps ou pas tous les jours. Certaines applications vous permettent aussi de limiter votre temps sur les réseaux sociaux, comme Space sur Android ou Apple.
2. Accepter sa situation : pour être heureux, ne faut-il pas accepter sa condition ? Cette question philosophique, qui traverse les âges, se pose à nous aujourd’hui. En effet, envier les autres et dénigrer sa vie, ça n'est jamais sain et pertinent. Il faut accepter que dans la vie, on ne peut pas avoir tout ce qu’on veut. De plus, certains désirs sont passagers. Alors quand vous enviez le matériel d’autrui ou le lifestyle, sachez que peut-être demain, vous n’aurez pas envie de vivre ou de posséder ce que les autres ont. Il faut être vigilante face aux modes et aux tendances, car souvent, on veut les suivre uniquement pour être validé socialement et pas parce qu'elle nous rend heureux.se en soi. Il faut se concentrer sur des activités et désir durable qui vous rendra heureux sur le long terme. 
3. Écrire pour soi : journal intime ou journal de gratitude, écrire pour soi, ça fait du bien. Vous pouvez exprimer vos émotions librement et sans jugement, contrairement aux réseaux sociaux. Ça n’est pas toujours agréable de montrer ces émotions et sentiments au monde entier, car les internautes n’ont pas de honte à ignorer, contredire ou juger ce qu’on ressent. De plus, cultiver votre reconnaissance pour vous-même vous permet d’être plus épanoui.e dans votre vie. Ainsi, écrire quotidiennement des raisons pour lesquelles vous êtes reconnaissant, envers vous-même et la vie, réduit drastiquement votre sentiment d’insatisfaction. Vous vous sentirez plus gratifiant envers la vie, et vous arriverez plus facilement à désamorcer le stress et à réduire les troubles du sommeil. 
4. Pratiquer la pleine conscience : avec les réseaux, on a du mal à profiter de l’instant présent. On a toujours peur de louper quelque chose, ou anxieux.se d'avoir manqué un événement, ce qui prouve que nous avons du mal à être dans le présent. Il faut alors reprendre conscience de soi et pratiquer la méditation ou les exercices de pleine conscience. Éloignez-vous des tracas du passé et du futur afin de ne pas rentrer dans cette anxiété. Et pour ça rien de mieux que d'apprécier le “ici et maintenant”. 
5. Renforcer vos liens sociaux : se faire des amis sur les réseaux, c’est bien, mais entretenir des amitiés en vrai, c’est mieux. Profitez de votre temps libre pour retrouver de vieux amis que vous n’avez pas vus depuis longtemps, où pour passer un moment de qualité avec votre famille. Si vous avez peu de proches autour de vous, n’hésitez pas à faire une activité ou à participer à des événements qui vous intéressent. Vous pourrez ainsi rencontrer de nouvelles personnes qui partageront vos centres d’intérêts. Il ne faut pas s’enfermer dans la bulle du numérique, mais au contraire s’ouvrir aux autres et au monde dans la réalité. Pour que cela soit efficace, n'essayez pas de filmer chaque rencontre et chaque plat au restaurant, vivez la vie comme elle est, si vous prenez une photo, c’est parce que celle-ci vous rendra heureux.se quand vous la regarderez. Ne partagez pas vos mamans sur les réseaux si cela répond à votre envie d’être vue et enviée par les autres. 
6. Passer du temps avec soi-même : parfois, nous sommes sur les réseaux pour combler notre ennui, mais aussi pour nous couper du monde réel. Cette envie est humaine et peut être saine si on assouvit correctement. On revient sur la gratitude et la méditation, mais il est important de s’aimer soi-même et de savoir passer du temps seul.e. Pour cela rapprochez vous d’une pratique physique, culturelle ou artistique qui peut vous permettre de passer plus de temps avec vous-même de façon qualitative. Sachez vous chérir et vous procurez le temps nécessaire. Votre bien-être est essentiel, alors n’hésitez pas à lâcher votre téléphone pour un bon livre, une séance de spa, une journée shopping, une balade en forêt ou une séance de peinture !
7. Opter pour un contenu plus qualitatif : vous pouvez enfin faire le choix de consulter des contenus plus pertinents, qualitatifs et éducatifs. Par exemple, vous pouvez décider de vous abonner davantage à des artistes, des comptes de cuisine ou de sortie culturelle ou de concept scientifique. Le but ici est de se réapproprier les réseaux sociaux en consultant des contenus en accord avec vos centres d’intérêt, comme un outil de recherche et de consultation. Ainsi, vous ressentirez moins cette culpabilité et cette jalousie, mais cela vous motivera à approfondir vous aussi vos centres d’intérêts !
8. Consultez un spécialiste : si jamais vous sentez que vos efforts ne sont pas suffisants et que votre addiction est trop pesante sur vous, n’hésitez pas à prendre rendez-vous chez un spécialiste tel un psychologue ou psychiatre afin qu’il puisse vous accompagner dans votre parcours. Chacun vit les événements différemment et demander de l’aide n’est pas une honte, au contraire, c’est une grande preuve de courage. 

Vous pouvez désormais lutter contre l’effet FOMO et encourager les individus qui en sont victimes autour de vous. Alors prenez soin de vous, de vos proches et de votre cerveau ! 

Lauriane Canard