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Voir le site de l'éditeurRéchauffement climatique : les villes à l'épreuve de la chaleur
40 degrés à Séville cette première semaine de mai, 33 à Madrid. Alors que les canicules se multiplient et s’intensifient au fil des ans, les villes, particulièrement vulnérables aux températures élevées, doivent s’adapter pour relever le défi de la chaleur. Végétaliser les rues, adapter les couleurs et les matériaux… Les villes disposent d’un panel d’aménagements possibles, plus ou moins astucieux, pour faire face au réchauffement climatique.
Si le soleil ne tape pas plus fort sur les villes que sur les campagnes, l’atmosphère y devient plus rapidement irrespirable. En cause : la moindre circulation du vent, la climatisation qui rejette de l’air chaud, les activités urbaines et bien sûr les espaces et les bâtiments bétonnés qui emmagasinent la chaleur. Contre les canicules qui vont se multiplier dans les années à venir, les villes s’aménagent de différentes manières.
Végétaliser pour rafraîchir
Très bonne alliée pour faire face aux fortes températures, la végétation permet de réduire la température de l’air grâce à la photosynthèse. Le phénomène d’évapotranspiration, le transfert d’eau dans l’atmosphère sous forme gazeuse, participe aussi à humidifier l’air et à le rendre plus respirable. La végétation apporte aussi des zones d’ombres, un autre levier intéressant que les villes peuvent développer.
Végétaliser les villes peut passer par la création d’espaces verts mais aussi par la végétalisation du sol, des façades et même des toitures ! Un peu partout en France, des « îlots de fraîcheur » font leur apparition au cœur des villes et permettent aux citadins de se détendre à la fraîcheur des plantes.
Avec 100m² d’espace vert par habitant, Angers est la ville la plus verte de France ! Suivent au classement Nantes et ses projets d’écoquartiers innovants, puis Strasbourg, Lyon et Caen[1].
Adapter les matériaux
Les revêtements dont les villes sont parées sont particulièrement mal adaptés aux fortes températures. Ainsi, plusieurs villes optent pour un bitume qui absorbe la chaleur. Paris et Lyon utilisent un revêtement spécial pour leurs trottoirs : une peinture composée de microbilles creuses qui empêchent l'accumulation de calories dans le sol. Plus original : à Nice, des pavés à base de coquilles Saint-Jacques, dont les propriétés naturelles permettent la rétention d’eau, ont été posés et pourraient réduire la température de l’air de deux degrés.
Le « cool roofing » consiste à appliquer une peinture réflective blanche sur les toitures des bâtiments. Cette pratique offre plusieurs avantages : une meilleure isolation thermique des bâtiments, une protection de la toiture contre les dégâts provoqués par la chaleur, et des économies d’énergie importantes. L’été, s’habiller de blanc convient donc aux villes comme à leurs habitants !
Installer des points d’eau
Ainsi vêtues de blanc, les villes, qui nous ressemblent décidément, doivent encore s’abreuver : multiplier les accès à l’eau est une solution supplémentaire pour faire face aux vagues de chaleur. Utilisée de plusieurs manières, l’eau peut être mise à disposition des citadins dans des fontaines, sur lesquelles mise par exemple la ville de Bordeaux, dont la mairie a lancé un grand plan de réhabilitation des fontaines vétustes.
Utiliser de l’eau non potable pour arroser la chaussée permet d’humidifier l’air, et donc de le rafraîchir, en profitant du phénomène d’évaporation. Les espaces verts pourvus de points d’eau favorisent la biodiversité, ils sont des habitats spécifiques et indispensables à de nombreuses espèces. Enfin, les aménagements urbains rafraichissants tels que les miroirs d’eau et les brumisateurs fleurissent dans de nombreuses villes françaises.
Un "urbanisme éolien"
Après les plantes, l’eau et la roche, un dernier élément peut nous venir en aide : le vent ! Moins connue, une dernière solution peut aider les villes à faire face aux fortes chaleurs : l'urbanisme éolien.
Nous savons que la climatisation artificielle n’est une solution qu’à l’échelle des logements et génère de l’air chaud, rejeté à l’extérieur. Pour réduire la chaleur des villes, imaginer des quartiers « naturellement » ventilés est un aménagement intéressant. Penser l’urbanisme en fonction des vents est une idée astucieuse déjà mise en pratique à l’Antiquité ! Elle était au cœur de l'approche de Vitruve qui, quelques années avant J-C, définissait la ville comme un lieu où l’homme peut vivre à l’abri du vent[2]. Bien sûr, les enjeux du présent nous commandent au contraire de penser les villes comme espaces de circulation du vent, mais suivant la même approche que l’architecte romain.
Toutefois, l’urbanisme éolien ne doit pas reproduire la même erreur que la climatisation artificielle et ne prendre en compte que l’échelle urbaine. Il doit travailler main dans la main avec l’architecture pour favoriser la circulation de l’air dans les espaces habités aussi bien que dans la ville !
Les villes disposent donc de nombreux moyens de se rendre plus agréables aux citadins en période de canicule. Ainsi aménagées, elles offrent un climat plus tolérable aux habitants mais peuvent aussi améliorer leur santé mentale ! En effet, plusieurs études ont montré que la fréquentation d’espaces verts joue sur le stress et l'humeur des habitants[3].
Le défi imposé aux villes par le réchauffement climatique est de taille, et les canicules sont parties pour s’intensifier et s’allonger. Une enquête récente indique que le climat de Marseille pourrait bientôt laisser place à celui d’Alger dans les années à venir, celui d’Istanbul s’installer à Paris, et les températures londoniennes devenir celles de Barcelone.
Léo Pham
Sources :
[2] M. Carpo, « Il cielo o i venti. Principi ecologici e forma urbana nel De architectura di Vitruvio e nel vitruvianesimo moderno », Intersezioni. Rivista di Storia delle Idee, 13, n° 1, 1993, p. 3-41.
Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM) :
https://doc.agam.org/doc_num.php?explnum_id=8479
GrandLyon – La métropole :