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Voir le site de l'éditeurLes femmes sont plus vulnérables à la pollution plastique
La pollution plastique menace aussi bien la nature que notre santé. Vêtements, cosmétiques, nourriture… fabriqué à partir de produits chimiques parfois dangereux, le plastique est présent partout autour de nous. Particulièrement exposées, les femmes aussi sont plus sensibles aux effets du plastique sur la santé. L’exposition au plastique entraîne ainsi des perturbations endocriniennes plus fortes chez les femmes et accentue les risques de certaines maladies.
Plages jonchées de déchets, tortue luttant contre un sac plastique dans l’océan… Une fois n’est pas coutume, il existe un problème dont les dégâts sur l’environnement ont plus de visibilité que sur l’être humain. En effet, la pollution plastique, en plus d’être une menace pour les plantes et les animaux, est aussi un sérieux problème pour nos organismes. Une triste occasion de nous le rappeler : nous faisons partie intégrante de la biodiversité ! Ainsi, les 460 millions de tonnes de plastiques produites en 2022 contiennent un certain nombre de perturbateurs endocriniens qui accroissent les risques de nombreuses maladies. Bien que la pollution plastique menace tout le monde, ce sont les femmes qui sont les plus vulnérables à ce phénomène.
Le corps des femmes est plus sensible au plastique
Le niveau d’œstrogène et le volume de graisse est plus important dans le corps des femmes, lui donnant une capacité supérieure de stockage des toxines et le rendant ainsi plus sensible aux perturbateurs endocriniens. Un grand nombre de maladies sont favorisées par ces perturbateurs contenus dans le plastique que sont le bisphénol A, le bisphénol S, les phtalates, les parabènes… Ainsi, les femmes ont plus de risques d’être atteintes de cancer du côlon, d’obésité, de diabète ou encore d’infertilité du fait de leur sensibilité à la pollution plastique. Les risques d’endométriose et de cancer du sein sont également accrus par ce phénomène.
Bien entendu, les femmes ne sont pas les seules touchées. Non seulement la pollution plastique menace aussi les hommes, même s’ils y sont moins vulnérables, mais les perturbateurs endocriniens peuvent aussi impacter les fœtus à travers le corps des femmes enceintes, causant maladies et malformations.
Les femmes sont-elles plus exposées au plastique ?
Si les femmes sont plus sensibles aux effets de la pollution plastique, elles y sont aussi plus exposées que les hommes. Plusieurs raisons expliquent cette seconde inégalité. Tout d’abord, malgré de récentes avancées en la matière, les femmes sont bien plus soumises que les hommes au diktat de la beauté. Ainsi sont-elles la cible d’un marketing intensif visant à leur faire consommer plus de produits de beauté, maquillage, soin de la peau, des cheveux… Autant d’expositions supplémentaires au plastique, et donc de risques pour la santé.
Ensuite, les femmes assurent un travail ménager bien supérieur aux hommes. Une étude montre que 79% des femmes européennes cuisinent et/ou réalisent des tâches ménagères quotidiennement, contre 34% des hommes. Or les produits ménagers, que les femmes sont donc plus nombreuses à utiliser, contiennent eux aussi des microplastiques dangereux pour notre organisme.
En Indonésie, au Kenya et dans de nombreux pays du monde, ramasser des déchets de plastique recyclables dans d’immenses décharges à ciel ouvert est un moyen de subsistance pour les populations les plus pauvres. Or ces ramasseurs sont le plus souvent des ramasseuses : femmes et enfants réalisent en majorité ces tâches dangereuses[1].
Enfin, les protections hygiéniques dont se servent les femmes représentent une exposition supplémentaire au plastique. Les serviettes en sont constituées à 90%. Les tampons sont une alternative préférable sur ce plan car ils contiennent bien moins de plastique (bien qu’ils n’en soient pas dépourvus). Des alternatives sans plastiques existent mais sont encore peu démocratisées, trop rares et trop chères.
Micro particules, grand changement
Les problèmes écologiques et les problèmes concernant les femmes ont ceci en commun d’être abordés avec une effroyable lenteur. C’est donc un double défi qu’il nous faut relever ; celui de modifier en profondeur à la fois notre rapport à l’environnement et nos rapports de genre. Ces défis ont également en commun la nécessité, pour être relevés, d’admettre au moins un grand principe : l’ordre social n’est pas gravé dans le marbre. Nos sociétés peuvent fonctionner bien différemment. Aujourd’hui la santé des femmes, demain celle de nos enfants, chaque jour nous donne une raison supplémentaire de mettre ce changement en marche.
Léo Pham
[1] https://www.wiego.org/sites/default/files/resources/files/Dias-Ogando-gender-and-waste-toolkit-book-one.pdf
https://fr.boell.org/sites/default/files/2020-02/Atls%20du%20Plastique%20VF.pdf
https://www.who.int/fr/news/item/22-08-2019-who-calls-for-more-research-into-microplastics-and-a-crackdown-on-plastic-pollution