HELLO PLANET

Hello Planet est une plateforme vidéo qui permet de sensibiliser et d'éduquer sur les enjeux de la planète tout en permettant de financer des projets d'ONG.

Voir le site de l'éditeur

Madagascar , la première famine climatique de l’histoire ?

Depuis 2019, le Sud de Madagascar subit une sécheresse qui ne cesse de s’intensifier. La quantité de pluie est inférieure à 60% à la normale, ce qui dérègle tout l’écosystème du Sud de l’île et plus particulièrement celui de la région Kere. Le fleuve Manambolo, qui s’étend sur plus de 100 kilomètres, est désormais complètement asséché. Cette sécheresse entraîne alors une terrible famine qui, elle aussi, est en expansion. Retour sur les causes de ce qui pourrait bien être la première famine climatique de l’histoire. 

 

Source : Cyclonoi

Une famine due au réchauffement climatique ? :

À ce jour, la sécheresse touche plus d’un million de personnes et serait l'une des raisons de cette terrible famine. Pour cause, ce dérèglement climatique assèche les sols et ne permet pas aux agriculteurs de cultiver. Résultat, les productions de riz, de manioc ou de maïs sont à sec. De nombreuses personnes sont réduites à se nourrir de tubercules sauvages et de cactus. Elles souffrent donc de malnutrition et peuvent être en grave danger de santé.

Source : TV5 Monde

Mais cette sécheresse ne serait pas due au hasard. En effet, en juin 2021, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), avait considéré le fait que cette famine serait due au réchauffement climatique. Cette hypothèse a été soutenue par l’ONU. Puis en octobre dernier, Amnesty International a insisté sur la responsabilité du réchauffement climatique dans cette crise.

On assistera, alors, à la première famine due à une sécheresse climatique. Une sombre nouvelle pour Madagascar, mais aussi pour le reste de l’humanité. Par ailleurs, cette famine serait bien plus intense que d’habitude. Le PAM indique que cette famine serait à la phase 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Soit, la phase la plus intense qui indique une catastrophe alimentaire. Une situation catastrophique qui ne cesse d’entraîner de plus en plus de victimes avec elle. 

 

 

La précarité, le moteur majeur de cette crise alimentaire  : 

Source : Imazpress, photo : Programme Alimentaire Mondial

 

Mais depuis peu, une équipe de scientifiques a contredit la déclaration de l’ONU qui soutient que les causes de cette famine sont climatiques. En effet, selon le World Weather Attribution (WWA), la pauvreté et la variabilité naturelle du climat local seraient les causes majeures de cette catastrophe alimentaire. La cause climatique pourrait représenter un rôle seulement minime. 

Leurs conclusions seraient alors compatibles avec l’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publiée en août. Ce rapport stipule que Madagascar ne peut subir de réels changements climatiques que si le climat augmente de 2 degrés. Or, l’augmentation du climat sur l’île aurait augmenté de 1,1 degrés.

La cause de la précarité paraît effectivement être le moteur de cette crise alimentaire. Le WWA indique, cependant, que la cause climatique doit être prise en compte, même si la pauvreté semblerait être bien plus pertinente dans l’explication de cette famine.

 

 

Une situation qui ne cesse de s'aggraver :

 

Source : UN news, Photo : PAM/Tsiory Andriantsoarana

 

Le Grand Sud de Madagascar est une région où 90% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Composée presque uniquement d’agriculteurs, une telle sécheresse provoque inévitablement beaucoup de chômage. Les familles sont alors démunies, puisqu’elles vivent pour la plupart de leurs propres productions agricoles. Et qu’elles ne peuvent consommer dans des commerces, comme c’est le cas dans la capitale. 

Se dessine alors le cercle vicieux de la précarité. Cette population, qui était déjà sujette à la malnutrition, se retrouve désormais en précarité alimentaire, avec un·e habitant·e sur six qui souffre d’urgence alimentaire. De plus, de nombreuses familles ont fui la région pour vivre dans des bidonvilles en périphérie des villes, et sont contraintes à survivre dans des conditions de vie encore plus déplorables. 

 

La crise sanitaire, un frein supplémentaire : 

La crise sanitaire aurait aussi un rôle à jouer dans cette famine. En effet, l’arrêt de nombreuses activités économiques a paralysé la société malgache. En plus d’une précarité extrême, la Covid-19 a empêché de nombreuses personnes de se reconvertir pour survivre à la crise. 

Auparavant, lorsqu’un tel événement se produisait, les agriculteurs pouvaient se tourner vers d’autres métiers afin de subvenir à leurs besoins en attendant une meilleure mousson. C’était le cas lorsqu’une sécheresse similaire avait frappé la même région de l’île en 1992.

Or, avec le coronavirus, les agriculteurs ne peuvent pas se tourner vers d’autres métiers et sont donc contraints de subir davantage les rouages de la précarité. 

 

 

 La nécessité d’une aide internationale :

 

Source : UN news, Photo : Programme alimentaire mondial

 

Même si certains débats persistent autour des causes de cette crise alimentaire, la solution reste la même : l’aide internationale. En effet, les autorités malgaches ne sont pas en mesure de contrer cette famine. Pour le président Andry Rajoelina, cette crise est due à la crise climatique mondiale, et il est donc légitime de demander un soutien international. Il a déclaré en novembre dernier à la COP 26 « Mes compatriotes endurent le tribut d’une crise climatique à laquelle ils n’ont pas participé ».

La nécessité d’une aide internationale passe aussi par la médiatisation. En effet, cette catastrophe alimentaire semble passer entre les mailles de l’actualité, et peu de médias relaient cette crise. Pour CARE, en 2019, la crise la plus oubliée et la moins médiatisée était la famine malgache. Désormais, même si cette crise possède plus de visibilité, elle n'est pas toujours considérée comme une problématique mondiale. Une plus forte médiatisation pourrait peut-être faire accélérer les débats sur la scène internationale.

Il faut aussi prendre en compte que de nombreuses associations sont présentes sur le territoire malgache, et cela peut nuire à la bonne coordination de l’aide internationale. Inondé·e·s par les projets solidaires, les habitant·e·s ont de plus en plus de mal à se tourner vers une ONG, car bon nombre d’entre eux/elles ont perdu confiance envers l’aide humanitaire. De plus, la majorité des projets se concentrent uniquement sur les cas de crises. Or, il semblerait qu’une aide de développement soit plus pertinente pour ce type de problématique alimentaire. 

 

Lauriane Canard

 

Sources :

Le Monde, "La famine à Madagascar n’est pas due au changement climatique, selon une nouvelle étude"

Libération, "A Madagascar, la famine ne serait pas uniquement «climatique»"

National Geographic, "À Madagascar, la première famine climatique du monde"

Franceinfo Afrique, "Madagascar : le sud de l'île face à la pire famine de son histoire"

UN news , "Madagascar : une grave sécheresse pourrait provoquer la 1ère famine au monde due au changement climatique"

 

 

Visualisez cette annonce pour continuer à gagner des points

Bravo, vous venez de gagner points.

Alors, connectez-vous pour pouvoir faire un don gratuit.

Je m'inscris Je me connecte
Plus tard
Prochaine vidéo dans 6 secondes
×