Les plantes parlent... Et nous pouvons les entendre !

Si nous savons depuis une dizaine d’années que les végétaux sont capables de communiquer, nous savons désormais à quoi ressemblent leurs échanges. Pour la première fois, des chercheurs israéliens ont pu enregistrer les sons émis par des plantes.

Silence. Dans une serre de l’Université de Tel-Aviv, des micros sont braqués sur un petit cactus. Tout le monde tend l’oreille. S’apprêterait-il à faire une incroyable déclaration à l’humanité ? Eh bien oui, et non des moindres : les plantes parlent, et nous pouvons les entendre. C’est ce qu’ont pu observer des chercheurs israéliens en captant pour la première fois les sons émis par des végétaux.

Que disent les plantes ?

« Pop » ! Un petit son bref, ressemblant à celui d’un popcorn qui éclate dans une casserole ou d’un craquement de doigt. Voilà tout le vocabulaire dont semblent disposer les plantes pour s’exprimer. Si le son est bien entendu difficile à traduire, aucun linguiste ne s’étant encore penché sur le dialecte, nos chercheurs ont pourtant une idée de sa signification. En effet, leurs expériences montrent que la fréquence de ces bruits augmente avec le stress éprouvé par la plante ! Ainsi, lorsqu’il manque d’eau ou que sa tige est abîmée, un plant de tomate, de blé, de tabac ou de maïs émet plusieurs dizaines de « pop » par heure. Arrosé et en bonne santé, il n’en émettra qu’un seul.

Les chercheurs pensent que de petites bulles d’air se forment dans les vaisseaux conducteurs de la sève en cas de stress de la plante. Lorsque ces bulles éclatent, le petit bruit caractéristique se fait entendre.

Le « pop » qui parvient à nos oreilles est en fait transformé pour que nous puissions l’entendre. Il s’agit en réalité d’un ultrason dont la fréquence est hors de portée de notre ouïe. Inaudibles pour les humains, les messages envoyés par les végétaux sont toutefois perceptibles par d’autres plantes, mais aussi par des insectes ou des chauve-souris ! Ces derniers sont ainsi alertés d’un danger, d’un manque d’eau ou d’un parasite qui sévirait dans les parages.

Cette trouvaille offre des pistes aux agriculteurs, qui, équipés de micro à ultrasons, pourraient se faire une idée plus précise, en temps réel, des besoins en eaux de leurs plantes.

Nous savions que les plantes étaient capables de communiquer de différentes manières, en modifiant leurs composantes physiques par exemple. Flétrissant ou changeant de couleur, elles peuvent aussi devenir amères au goût pour repousser les herbivores ou encore émettre des odeurs pour alerter leurs congénères qu'elles sont attaquées par des insectes. Nous savons même qu'elles sont capables de réagir aux sons. A proximité de pollinisateurs bruyants, elles augmentent ainsi la concentration en sucre de leur nectar pour les attirer. A cette liste de capacités insoupçonnées vient donc s'ajouter celle d'émettre leurs propres sons. Pop !

"Un champ de fleurs pastoral serait en réalité un endroit plutôt bruyant. Seulement, nous n’entendons pas ces sons."

Professeure Lilach Hadany, School of Plant Sciences and Food Security

Capable de réagir aux sons et d'en émettre, les plantes sont peut-être aussi bavardes que nous ! Qui sait ce que raconte votre Ficus en pot à vos fleurs sur la table basse ?

Léo Pham

Sources :

Khait I, Lewin-Epstein O, Sharon R, et al. Sounds emitted by plants under stress are airborne and informative. Cell. 2023;186(7):1328-1336.e10. doi:10.1016/j.cell.2023.03.009

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