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Vers la fin des thérapies de conversion

Le 8 décembre dernier, le sénat a voté en faveur de la loi contre les thérapies de conversion. Cette proposition de loi portée par la députée Laurence Vacenbroek a fait beaucoup de bruit ces dernières semaines. Et pour cause, c’est la première fois qu’une telle proposition est parvenue jusqu’au gouvernement. Cela représente, évidemment, une avancée prometteuse pour la communauté LGBTQIA+, qui souffre encore de discriminations et de violences. Retour sur ce nouveau pas pour le drapeau arc-en-ciel.

 

Qu’est ce qu’une thérapie de conversion ? :

Les thérapies de conversion voient le jour dans les années 50 aux Etats-Unis. Celles-ci consistent à modifier l’orientation sexuelle d’un individu ou son identité de genre. Ces pratiques censées "guérir" les homosexuels se répandent peu à peu en Europe. Le but étant de les convertir à l’hétérosexualité. Ces thérapies prennent alors la forme de groupes de parole, de séminaires, ou de séances pseudo-psychologiques. Elles sont souvent organisées par des associations religieuses, spirituelles ou politiques.   

 

Ces thérapies utilisent plusieurs modes d’action pour tenter d’éradiquer les orientations sexuelles. Certaines considèrent que l’homosexualité et la transsexualité sont des maladies biologiques, elles utilisent alors des médicaments, voir des hormones pour y remédier médicalement. D’autres considèrent que l’homosexualité est une maladie psychologique. Celle-ci serait la résultante d’un traumatisme ou d’un trouble psychologique, ce qui fait que l'on impose aux individus de suivre une thérapie poussée. Enfin, certaines thérapies, plus spirituelles ou religieuses, visent à rendre les individus chastes, abstinents et célibataires afin de nier complètement leur orientation sexuelle.

Au-delà du caractère déjà autoritaire que revêt ce type de pratiques, certaines thérapies vont parfois pousser les limites. Elle organisent des mariages forcés hétérosexuels, ou font usage d'électrochocs et d’exorcisme. Quoi qu’il en soit, toutes ces thérapies sont la cause de beaucoup de souffrance chez les individus qui les subissent. Même si certaines sont plus passives que d’autre, elles créent de nombreux traumatismes et violences sur les personnes victimes de ces thérapies. 

 

 

Un traitement qui laisse des séquelles à vie :

Tout d’abord, ces thérapies donnent le sentiment aux individus qu’ils sont pris en compte et entourés. Mais ces pratiques à mi-chemin entre la psychologie et la religion créent bien plus de culpabilité et d’humiliation pour les personnes qui les vivent. On vous explique que ce que vous ressentez, ce que vous êtes n’est pas une réalité, mais une phase passagère, une maladie, voire un démon. On vous prive de votre jugement et on vous inculque une pensée qui vous diminue votre estime et votre confiance en vous.

 

AFP / Edouard Monfrais / Hans Lucas

Ces thérapies provoquent alors de la frustration pour certains et du dégoût de soi-même. Car quelques personnes vont se persuader que l’orientation sexuelle est déviante et qu’il faut la combattre. Ce type de réflexion engendre forcément du mal-être et un rejet de soi-même. D’autres personnes, conscientes qu’elles sont dans leur bon droit d’assumer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, se sentiront incomprises, exclues voire méprisées de tou·te·s. Certain·e·s devront subir le regard de la société et de leurs proches qui les désignent comme des monstres.

 

Mark Kerrison, grève devant le Cabinet Office et le Government Equalities Office, le 23 juin 2021 à Londres, au Royaume-Uni

 

On perçoit alors que dans les deux cas, ces thérapies nuisent terriblement aux personnes qui les subissent. Elles gardent de nombreuses séquelles de ces pratiques, parfois mentales, parfois physiques, et cela provoque inévitablement des états dépressifs, et pousse parfois au suicide. Ce triste constat n’est, pourtant, pas si étonnant, car ces thérapies s’attaquent à des personnes déjà vulnérables. Certaines sont très jeunes, d’autres y participent par obligation familiale, ou d’autre s’y tournent, car elles rejettent elles-mêmes leur homosexualité ou leur identité de genre. C'est pour l’ensemble de ces raisons que les experts de l’ONU s’accordent à dire que les thérapies de conversion relèvent de la torture. Mais comme l'OMS a retiré seulement en 1990 l'homosexualité de la liste des maladie psychologique, les mentalités prennent du temps à s'adapter. 

 

 

Un pas de plus vers l'égalité :

Les thérapies de conversion font l’objet de plusieurs demandes d’interdictions à travers le monde. Dans le cas de la France, cette proposition de loi a été déposée auprès de l'Assemblée Nationale le 23 mars 2021 par la députée de l’Allier. Ce texte de loi fut accepté à l’unanimité par l’Assemblé Nationale le 5 octobre 2021. Puis il fut accepté par le Sénat ce 8 décembre 2021, avec modification.

Cette loi a pour but d’inscrire ces pratiques dans le code pénal comme des infractions, de sorte que les victimes puissent être reconnues et porter plainte. Ainsi, les “médecins”, “thérapeutes” ou toute autre personne qui administre ce type de thérapie dans le but de ”soigner ” l’orientation sexuelle sera passible de 30 000 euros d'amende et de 2 ans de prison. De plus, si ces ”médecins” possèdent réellement un poste dans le corps médical, iels seront dans l’incapacité de pratiquer leur métier durant 10 ans. L'amende sera augmentée à 45 000 euros si la victime est mineure ou est une personne vulnérable.

Cette peine ne sera pas appliquée aux médecins et au personnel médical qui conseillent aux individus de prendre davantage de temps avant de procéder à une opération chirurgicale afin de changer de genre. Ces opérations représentent un tournant dans la vie de quelqu'un. Il est donc important d’être accompagné·e psychologiquement avant une opération comme celle-ci, surtout si on est mineur·e. Seules les thérapies de conversion visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité seront bannies. 

 

Un projet en cours de validation :

 

 

Nous sommes actuellement encore en attente de la promulgation de cette loi, le sénat et l'Assemblée nationale tentent de s’accorder sur le texte final. Dans le cas contraire, c’est l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot sur la forme finale. Mais on sait déjà que ce projet a largement été soutenu par l’ensemble du gouvernement, et que l’issue sera favorable pour les victimes de ces pratiques. 

Cette avancée s’inscrit directement dans un mouvement mondial que l'on pourrait résumer au hashtag ” #RienAGuerir ”. Ce mouvement ne date pas d’aujourd’hui; déjà, en 2016, Malte avait interdit ces thérapies de conversion. En 2018, le Parlement européen avait adopté une motion afin de condamner ces thérapies et avait appelé les Etats à les interdire. Le Royaume-Uni les avait donc prohibées la même année. En 2020, c’est l’Allemagne qui a voté contre ces pratiques. Le dernier état qui a banni ces thérapies est le Canada. Son gouvernement a interdit ces pratiques le 1er décembre 2021. Enfin, la Belgique et les Pays-Bas travaillent sur des textes de lois visant aussi à condamner ces thérapies. 

 

 

Vers qui je peux me tourner si cela m’arrive ?

 

 

Si vous êtes victimes de ces thérapies de conversion, vous devez demander de l’aide. Ne vous isolez pas, au contraire, il faut que vous vous entouriez de personnes à votre écoute et qui visent votre bien. Parfois, la situation est loin d’être simple, surtout quand ces thérapies sont à l'initiative de notre famille ou nos proches.

Pour cela, vous pouvez vous tourner vers des associations qui accueillent des personnes qui ont subi du harcèlement ou des violences suite à leur sexualité ou leur genre. Il faut donc prendre conscience que vous n’êtes pas seul.e et que vous êtes dans votre droit d’être libre. Voici quelques associations qui sauront vous accorder l’aide et le soutien nécessaires pour surpasser cette épreuve. Certaines sont athées, et d’autres spirituelles ou religieuses. Il est important que vous vous tourniez vers l’association qui vous correspond le plus, notamment si vous êtes croyant·e et que vous avez du mal à pratiquer votre foi au vu de votre orientation sexuelle :

Le Refuge

Cette association s’occupe de loger et d'accueillir des personnes LGBTQIA+ qui auraient étaient rejetées par leur famille, ou exclues de leur logement en raison de leur homosexualité. Cette association possède 200 logements et accompagne presque 10 000 jeunes de 14 à 25 ans.

Stop homophobie :

Cette association est spécialisée dans l’accompagnement des personnes subissant des actes de discriminations, d’homophobe ou de transphobie. Elle procure un accompagnement psychologique et judiciaire aux victimes. Stop Homophobie se fait également intermédiaire entre la victime et les avocats afin de les accompagner au maximum lors d’un dépôt de plainte. De plus, iels possèdent une ligne téléphonique ouverte 24/24h 7/7j pour répondre à toutes les personnes nécessitant de l’aide.

Urgence homophobie

Cette association accueillait à l'origine des personnes LGBTQIA+ venant de Tchétchénie. Désormais, elle a ouvert son combat à plus d’une quinzaine de pays. Elle accueille des personnes qui subissent des violences extrêmes dans leur pays. Voire, des personnes qui courent un danger de mort. Sa présence en France est également active, puisqu’elle met en relation de nombreuses associations LGBTQIA+ spécialisées dans l’accompagnement des personnes en danger. Urgence homophobie peut ainsi vous aider à vous tourner vers l'association la plus adaptée pour vous venir en aide. 

Shams : 

C’est une association qui rassemble des personnes LGBTQIA+ de nationalité ou d’origine maghrébine et du Moyen-Orient. C’est une association qui peut vous procurer beaucoup de soutien et d’aide. D'autant plus si vous êtes originaire de cette région du monde.
Cette association est proche de l’association Amnesty International, également engagée dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie. 

HM2F (Homosexuel·le·s musulman·e·s de France) :

Cette association accueille toutes les personnes LGBTQIA+ de confession musulmane. Elle prévoit des espaces de discussion autour de l’homophobie et de la conciliation entre la religion et les différentes orientations sexuelles. Cette association vous permet de pratiquer votre foi et d’être accompagné·e lorsque vous êtes victimes de discrimination ou de violence. 

David et Jonathan :

Cette association regroupe des pratiquant·e·s chrétien·ne·s catholiques qui appartiennent à la communauté LGBTQIA+. Si vous êtes de confession catholique, cette association sera ravie de vous ouvrir leur porte. Vous pourrez y pratiquer votre foi et être accompagné·e dans votre pratique par ses membres.
Cette association reste ouverte à tous. Même si vous n’êtes pas pratiquant·e, ses membres se feront une joie de vous accueillir. Elle apporte juste un soutien religieux à ceux et celles qui en ont besoin. 

Beit Haverim : 

Cette association est la plus vieille association LGBTQIA+ de France ! Créée en 1977, cette association de confession juive accueille les jeunes LGBTQIA+, mais aussi leurs proches et leur famille afin d’accompagner les individus au maximum. Ouverte à tous, elle tente de rallier les proches des victimes d’homophobie. Beit Haverim organise des lieux d’accueil et des groupes de parole pour aider tout individu qui en aurait besoin. Vous pouvez également vous rapprocher des membres pour pratiquer votre foi. 

 

Lauriane Canard

 

Sources :

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