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5 fictions qui nous parlent d'écologie (deuxième partie)

Le travail d’information est crucial pour faire prendre conscience à tous de la réalité. Mais la connaissance seule ne nous pousse pas à agir si elle n’est pas accompagnée de sentiments. Au-delà de nous informer, le rôle des artistes est de nous rendre sensibles à ce qui les touche. Voici une seconde liste de 5 œuvres de fictions à même de nous sensibiliser à l’écologie, un sujet à propos duquel l’information débordante n’a, seule, plus grand effet sur nous.

« La connaissance vraie du bien et du mal ne peut réprimer aucun affect en tant qu’elle est une connaissance vraie, mais seulement en tant qu’elle est considérée comme un affect » nous disait Spinoza. Par cette formule alambiquée, le philosophe nous explique que seule une connaissance empreinte d’affect nous touche. Nous n’agissons pas à partir de ce que nous savons, mais à partir de ce que nous ressentons. Le climat se réchauffe, la biodiversité s’effondre, la pollution atteint des sommets, nous savons tout cela. Nous le ressentons parfois : une canicule, l’odeur d’un pot d’échappement... Mais l’ampleur de cette catastrophe écologique, que nous savons colossale, nous apparaît sous forme de chiffres, de graphiques et d’images télévisées de glaciers qui fondent à l’autre bout de la planète : elle ne parvient pas à nos sens.

Nos connaissances ne deviennent des moteurs que lorsqu’elles se transforment en ressentis, en affects, ou du moins prennent-elles d'autant plus de force qu'elles ont une dimension affective. Pas plus conscients de la catastrophe que les autres, ceux d’entre nous qui ont arrêté la viande y sont avant tout parvenus parce qu’ils ont pris goût aux légumes, parce que la viande ne satisfait plus leurs papilles ou parce qu’un ami les y a décidé. Ainsi, le meilleur moyen d’agir en fonction de ce que l’on sait, c’est de s’y sensibiliser, au sens littéral : de se rendre sensible. Un rapport du GIEC ou un article d’Hello Planet élargit nos savoirs, mais ne nous touche pas tant qu’une expérience sensible : celle d’un roman ou d’un film par exemple. En voici cinq qui pourraient nous intéresser.

 

Princesse Mononoké

Incontournable : deuxième liste, deuxième Miyazaki. 13 ans après Nausicaä de la vallée du vent, le maître du cinéma d’animation réalise Princesse Mononoké, un autre chef d’œuvre profondément écologiste.

Au XVème siècle, une forêt japonaise peuplée d’esprits et d’animaux géants est le théâtre d’une guerre qui oppose la Nature aux humains. Ashitaka, un jeune archer que le destin a conduit jusqu’ici, fait connaissance avec une communauté de forgerons qui subsiste grâce à l’exploitation de l’environnement. C’est sans compter sur la résistance des animaux de la forêt fous de douleur devant l’écocide, parmi lesquels vit San, une jeune fille élevée par les loups.

La grandeur du film réside notamment dans son refus d’imposer une vision manichéenne des personnages et des situations. Hors du jugement moral, Miyazaki observe les évènements à travers les yeux de son héros Ashitaka, qui fera la rencontre de personnages aux intérêts divergents, sans prendre position.

Princesse Mononoké a le mérite d’exposer la nature également dans ce qu’elle a de laid esthétiquement parlant, et de la respecter tout autant, au contraire de nombreux films, toujours friands d’une faune et d’une flore magnifiques (Avatar…).

Parallèle amusant, le film prête à la faune la capacité humaine de raisonner : elle fait ainsi le choix concerté d’agir devant l’urgence, pour la survie de son environnement. N’est-ce-pas là ce que devraient faire les humains aujourd'hui ?

La route

De nombreux artistes ont imaginé dans leurs œuvres à quoi ressemblerait le monde brisé par une catastrophe écologique. Peu l’ont aussi bien dépeint que Cormac McCarthy dans son livre La route. Réaliste ? Nous le saurons peut-être un jour. Saisissant en tout cas.

Au travers du périple d’un père et de son jeune fils, McCarthy nous livre un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un monde dévasté, abandonné par les hommes, par la vie entière.

L’auteur nous le rappelle crument : préserver la biodiversité n’est pas une simple question de sensibilité, de couleurs d’automne et de chants d’oiseaux. Nous ne pouvons subvenir à nos besoins sans une vie animale et végétale riche et foisonnante.

« Le petit » est un jeune garçon dont on ne connaît ni le nom ni l’histoire, de même que son père et que l’entièreté du monde qu’ils traversent, poussant leur caddie. Nous ne savons de lui qu’une seule chose : il n’a rien connu d’autre, et n’a de souvenir ni des poissons ni des fleurs.

Tableau désolant, roman touchant, La route nous implore de conserver du vivant ce que nous pouvons encore.

« Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. (…) Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère. »

Goliath

Dans un registre bien différent, Goliath, sorti en 2022 et réalisé par Frédéric Tellier, traite lui aussi d’écologie à travers une approche différente, dans un cadre contemporain, beaucoup plus situé. Il dénonce un dispositif précis avec lequel il nous faut aujourd’hui composer (ou contre lequel il faut lutter), déterminant dans la lutte écologiste : les lobbies.

D’un côté, un avocat est chargé de défendre une agricultrice et de démontrer la responsabilité de la tétrazine (pesticide imaginaire) dans la mort de sa compagne. De l’autre, un jeune et brillant lobbyiste représente les intérêts de Phytosanis, puissante entreprise agrochimique qui produit la tétrazine, et travaille à faire voter la prolongation de son autorisation sur le marché. Nous suivons également cette affaire aux côtés de France, activiste anti-pesticide.

Goliath ausculte, expose la manière dont les décisions politiques sont gangrénées par la présence des lobbies. Sous un autre angle, il nous montre également comment un lobbyiste s’arrange avec l’amoralité de son activité, compose avec le mensonge, la falsification, la mise en danger de la santé publique au service d’intérêts financiers. Plus intéressant encore, et terriblement actuel, le film nous montre comment le désespoir face à l’implacable machine capitaliste et à l’inaction politique peut mener un citoyen modèle à la désobéissance civile. David n’a pas vaincu Goliath sans heurts…

Si le film s'attache à observer le mécanisme précis du lobbying, incarnation des intérêts privés dans les décisions politiques, il soulève une question plus large, peut-être trop rarement posée : Est-ce vraiment l'Homme, de par sa nature, qui est voué à détruire le vivant ? Ou bien est-ce son économie, son modèle de société, dans lequel la décision de ce qui est produit obéit au seul critère de la valeur marchande ?

L’homme qui plantait des arbres

Au-delà de nous informer, l’art nous rend sensible. Touchant directement à nos affects, il est ainsi bien plus susceptible de nous mobiliser que ne l’est la connaissance objective. Si notre thèse est juste, alors Jean Giono remplit son rôle d’artiste à merveille avec L’homme qui plantait des arbres, une nouvelle écrite en 1953. L’écrivain dit lui-même que le but de son œuvre n’est rien d’autre que de « faire aimer à planter des arbres ».

Le titre résume très bien ce récit déjà concis, qui se déroule au début du siècle dernier en Haute Provence. Le jeune narrateur y croise un homme hors du monde, dont l’idée de planter des arbres est enracinée dans son esprit tant et si bien qu’elle germe dans le cœur de ceux qu’il rencontre.

Parasyte

Impossible de clore cette seconde partie "Fictions et écologie" sans évoquer de série animée japonaise. Souvent adaptées de mangas, elles occupent aujourd'hui une place monumentale dans la consommation de fictions chez les jeunes. Et à l'instar de nombreuses autres formes de récit, les « animés » se saisissent eux aussi d'enjeux contemporains majeurs, dont l'écologie.

Au croisement de l'horreur et de la science-fiction, Parasyte raconte l'arrivée sur terre de petites créatures d'origine inconnue s'introduisant dans le cerveau des êtres humains pour en prendre le contrôle. Shinichi, un lycéen Tokyoïte, réussit à empêcher un de ces "parasites" d'atteindre son cerveau et se voit contraint de cohabiter avec la drôle de créature, aussi intelligente qu'effrayante, qu'abrite désormais son corps.

En 24 épisodes de vingt minutes, Parasyte met en scène la rencontre de la société humaine avec une espèce menaçante, intelligente mais dépourvue de sentiments et de sens moral. Sur un rythme assez particulier, ponctuée tantôt de lenteurs, tantôt de scènes sanglantes, l'histoire pose un certain nombre de questions au spectateur à travers les échanges entre Shinichi et "Migi", le nom donné au parasite froid et calculateur qui vit en lui. Les deux protagonistes se voient ainsi bousculés dans leur vision de leurs espèces respectives.

La frontière qui nous semble exister entre les humains et les autres êtres vivants est-elle si épaisse qu'on le croit ?

« Pensez à la prospérité du vivant, pas seulement à celle des hommes. Voilà ce qui serait digne de votre espèce. »

Retrouvez notre première liste « Fictions et écologie » ici !

 

Léo Pham

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