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L'impact de l'éclairage nocturne sur la biodiversité

L’été arrive et les jours s’allongent. On ne croit pas si bien dire : même une fois le soleil couché, de nombreuses zones, notamment urbaines, restent éclairées de mille feux bien après le crépuscule. En cause : les lumières artificielles. Panneaux publicitaires, lampadaires, vitrines restées allumées… autant de sources de lumière souvent inutiles qui nuisent à la biodiversité en chassant la nuit.

A la catégorie des pollutions que l’homme fait subir à la planète, de l’air, des sols, des eaux, s’est ajoutée celle que l’on appelle depuis quelques années la pollution lumineuse. Souvent émise à des fins commerciales, la lumière artificielle nocturne a doublé sur la surface de la Terre depuis le début des années 1990. Aujourd’hui, 99% des européens et des américains vivent sous un ciel pollué par la lumière artificielle, qui détériore sa visibilité. Bien tristes de ne plus pouvoir contempler les étoiles, les humains ne sont pas les plus à plaindre de la pollution lumineuse. De nombreuses espèces animales et végétales sont menacées par la disparition d’un élément bien antérieur à la vie elle-même : la nuit.

 

Une nuit agitée

La pollution lumineuse à un impact clairement identifié sur de nombreuses espèces. Elle affecte leur activité, leurs déplacements et même leur reproduction.

Les animaux (dont nous sommes) sont pourvus d’une « horloge biologique » qui leur permet d’adapter leurs comportements et leur physiologie au jour ou à la nuit. En déréglant cette horloge, l’éclairage nocturne perturbe la faune. Nous savons par exemple qu’il provoque une augmentation du métabolisme de base chez certains animaux. Autrement dit, au repos, ces derniers dépensent bien plus d’énergie soumis à la lumière que dans l’obscurité, ce qui met en jeu leur survie. Il en va de même pour nous : exposés à la lumière la nuit, la qualité de notre sommeil se trouve altérée.

Un phare dans la nuit ?

Les déplacements des animaux, souvent guidés par la lumière, sont également très perturbés par cette pollution. Les routes éclairées attirent les petits animaux, où ils sont soumis à la prédation. Les oiseaux migrateurs sont déboussolés par la lumière artificielle, qui modifie leurs habitudes, rend plus difficile la recherche de nourriture et les soumet aux prédateurs. Certains animaux se repèrent grâce à des sources de lumière naturelles que la pollution lumineuse rend invisibles, comme les étoiles. Plus inattendu, les bébés tortues sont guidés vers la mer, dans les instants qui suivent leur naissance, par le reflet de la lune sur l’eau. La pollution lumineuse émise par les villes côtières brouille leurs repères et les attire aux mauvais endroits[1]. Nous ne sommes donc pas les seuls à qui les astres sont tristement invisibles !

La flore, dont la reproduction dépend étroitement de la faune, se trouve elle aussi menacée par la pollution lumineuse. Les insectes pollinisateurs sont repoussés par la lumière artificielle. Une étude Suisse menée en 2017 a montré que la pollinisation d’un champ diminue de plus de 60% lorsqu’il y est exposé[2].

 

Tout éteindre ?

A l’excès de lumière, la solution paraît toute trouvée : éteindre. Mais avant de se précipiter vers l’interrupteur, il est judicieux de réfléchir à la manière d’optimiser ce réaménagement de la lumière. Pour être à la fois plus efficaces et moins contraignants, les efforts à déployer doivent être minutieusement réfléchis. Il s’agit donc de repenser nos conceptions de l’aménagement du territoire en y intégrant des « réseaux écologiques », destinés à préserver la biodiversité.

Depuis 2007, le ministère de l’écologie pilote La trame verte et bleue, un projet qui consiste à élaborer des schémas régionaux de cohérence écologique. Seulement, cette démarche ne prend pas en compte la pollution lumineuse, qui, nous l’avons vu, est une menace sérieuse pour la biodiversité.

Il convient en premier lieu d’identifier les zones privilégiées par la faune ainsi que les flux d’animaux et leurs obstacles. Ensuite peuvent être élaborés des circuits et des zones à protéger, des « tunnels sombres » pour laisser la faune circuler. Différents leviers peuvent enfin être activés pour répondre aux besoins de ces zones d’obscurité.

Il est possible de modifier le temps d’éclairage et les plages horaires, en limitant au strict nécessaire les éclairages de nuit par exemple. Et, comme souvent lorsqu’il s’agit de limiter la crise écologique, notre modèle économique est en cause : à l’exact opposé de surconsommer, se cantonner au nécessaire n’est pas compatible avec la publicité, grande émettrice de lumière artificielle. Est-il vraiment essentiel de pouvoir consulter une offre de logement à quatre heures du matin, ou de décorer la nuit du joli logo d’un fastfood ?

Travailler sur la disposition, la hauteur et l’orientation des éclairages est également une solution. En la redirigeant vers le sol, nous empêchons la lumière d’éclairer le ciel et de se diffuser largement dans la nuit. Réfléchir avec soin à la répartition et à l’intensité des sources de lumière permet d’optimiser l’éclairage en le réduisant au minimum. Enfin, il est possible de jouer sur leur nature : la lumière très bleue des LED impacte particulièrement la biodiversité la nuit.

Si l’action des territoires doit être minutieusement planifiée, chacun peut contribuer à réduire la lumière artificielle à son échelle. Les solutions innovantes sont les bienvenues, comme cette application apparue récemment qui permet aux habitants d’activer l’éclairage nocturne à proximité depuis leur smartphone ! Les éclairages peuvent ainsi rester éteints le reste du temps.

La sobriété lumineuse offre donc une nuit digne de ce nom à la biodiversité, mais nous permet aussi des économies d’énergie considérables… et de continuer à rêver en regardant les étoiles.

 

Léo Pham

[1] Thums, M., Whiting Scott, D., Reisser, J., et al. 2016 Artificial light on water attracts turtle hatchlings during their near shore transitR. Soc. open sci.3160142160142

[2] Knop, E., Zoller, L., Ryser, R. et al. Artificial light at night as a new threat to pollination. Nature 548, 206–209 (2017). https://doi.org/10.1038/nature23288

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