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La restitution de la forêt de Daintree au peuple autochtone Kuku Yalanji

Mercredi 29 septembre 2021, l'État du Queensland en Australie a restitué la forêt tropicale primaire Daintree au peuple autochtone Kuku Yalanji. Ce peuple, culturellement lié à la nature, a retrouvé son rôle ancestral, celui de protecteur de la forêt et de ses richesses. Cette action s’inscrit alors dans la politique de restitution de patrimoine au peuple autochtone. Retour sur cette belle entreprise collective en faveur des traditions autochtones et de l’environnement.

 

La forêt de Daintree, ou la plus vieille forêt du monde :

Il était une fois une forêt vieille de 135 millions d’années. Cette forêt primaire abritait en son sein des centaines d’espèces animales et végétales. Située dans l’actuelle Australie, elle a vu grandir l’Homme à travers l’Histoire. Elle a accueilli le peuple Kuku Yalanji il y a déjà 50 000 ans. Puis un beau jour, les colons britanniques ont conquis l’île-continent, et la forêt y compris. Ainsi, à partir du XVIIe siècle, les explorateurs et scientifiques anglais y sont envoyés pour faire de nouvelles découvertes. Un certain Richard Daintree, géologue et photographe australien, a alors décidé de nommer cette immense forêt par son nom dans les années 1800. Ce joyau était alors sous l’emprise de la couronne britannique durant plus d’un siècle. Puis la forêt est devenue une propriété de l’Etat lors de sa création en Commonwealth Australien en 1901.  

Cette forêt regroupe alors ⅓ de la faune australienne, et mesure 1200 km2, ce qui en fait la plus grande forêt du pays. Cela signifie qu’elle abrite environ 600 espèces animales. Mais elle possède également 3 000 espèces végétales toutes plus uniques les unes que les autres. La particularité de la forêt de Daintree est qu'elle rejoint les littoraux de la côte Est. Elle s'étend alors jusqu’à la barrière de corail. Et si ces richesses ont en fait un lieu touristique emprunt de magie, elle en a souffert et a été désacralisée. Ainsi, ses protecteurs ancestraux avaient dû déposer les armes et céder aux politiques colonialistes et étatiques. 

Placée en 1988 au patrimoine mondial de l’UNESCO, la forêt de Daintree a de plus en plus été valorisée ces dernières années. Mais cette reconnaissance mondiale n’était pas assez importante pour lui redonner sa puissance. C’est depuis cette restitution que la forêt a enfin retrouvé son âme. Désormais, elle sera sous la protection du peuple Kuku Yalanji. Une histoire semblable à un conte de fée. 

 

La restitution au peuple Kuku Yalanji, le retour aux racines :

L’Histoire d’un peuple meurtri par le colonialisme :  

Le peuple Kuku Yalanji est originaire du Nord de l’Australie, dans l’actuel Etat du Queensland. Ce peuple fait partie des premières communautés qui ont investi l’île. Ils ont alors vécu en paix avec la nature durant 50 000 ans. Mais lorsque les colons britanniques ont commencé à envahir la région, l’harmonie entre les Kuku Yalanjis et la nature a été troublée. Dans les années 1870, des explorateurs découvrent un gisement d’or dans la rivière appelée Palmer par les colons, en référence au Premier ministre du Queensland de l’époque, Arthur Hunter Palmer.

Ce nouvel Eldorado a alors attiré des mineurs du monde entier, venant principalement de l'empire britannique et de Chine. La région de la rivière a alors été occupée durant des dizaines d’années par ces mineurs étrangers. Le peuple Kuku Yalanji a dû alors se battre pour préserver ses droits, qui n'étaient à l’époque reconnus par aucune instance juridique ou législative. Résultat, ce peuple de la Nature a vu son territoire réduire à vue d'œil, au profit du consumérisme occidental. Ils ont alors mené une guérilla contre les colons afin de faire valoir leurs droits, mais en vain. Ils ont dû se soumettre à l’occupation des mineurs étrangers, mais ils n'ont jamais oublié leur origine et leurs traditions. 

La fin du XIXe siècle a alors marqué l’histoire de ce peuple au fer rouge. Excentrée vers des bidonvilles périphériques, leur communauté s’est paupérisée. En contact avec les commerçants et mineurs chinois, les Kuku Yalanjis étaient payés en opium. Ce commerce noir a alors plongé de nombreux autochtones dans le terrible monde de la dépendance et de la drogue. De nombreux individus ont alors sombré dans la pauvreté et l’addiction, et y ont perdu la vie. Les colons ont alors eu un rôle important dans la décimation des communautés autochtones du Nord-Est de l’Australie.

Ce peuple a subi de plein fouet les politiques paternalistes de l’Etat australien. Elle visaient en théorie à protéger ces peuples. Mais dans les faits, ces politiques ont principalement servi à augmenter l’emprise sur ces peuples en les infantilisant et en les écartant du processus de décision politique. Ainsi, ces peuples étaient placés dans des “réserves autochtones”, censées veiller à la préservation de leur culture et de leurs cultes. La réserve principale des Kuku Yalanji s’est donc formée dans le village de Mossman durant la Seconde Guerre mondiale. Cette ville restera un lieu phare de la communauté jusqu'à aujourd'hui, preuve de l’empreinte de l’Histoire coloniale sur ce peuple.

 

Qui fut peu à peu revalorisé :

C'est au XXe siècle que ce peuple autochtone fut considéré correctement par la loi. Dans les années 90, ce peuple est enfin reconnu comme un peuple natif d’Australie. Puis en 2007, les Kuku Yalanjis ont obtenu le droit de propriété de leurs terres traditionnelles qui s’étendent de Mossman a Cooktown. Cette nouvelle politique doit alors permettre de mieux conserver ces lieux naturels, et pour cela le peuple autochtone en devient l’unique propriétaire afin de protéger les forêts de l’exploitation industrielle. Ce droit s’accompagne de celui d’héritage et de succession, de sorte que la communauté Kuku Yalanji restent les seuls individus capables de gérer ces espaces. Le peuple Kuku Yalanji possède alors des droits non-exclusifs de chasse, de résidence, d’exploitation de l’eau, de cérémonies et d'inhumation. 

Le 29 septembre a alors accentué leurs droits puisqu’en plus d'une centaine de milliers d'hectares, le peuple a reçu le droit de propriété exclusive sur la fameuse forêt de Daintree. Ils ont ainsi acquis 160 000 hectares supplémentaires. Cette mesure s’est accompagnée de la restitution de trois parcs nationaux, Cedar Bay (Ngalba Bulal), Black Mountain (Kalkajaka) et Hope Islands. Le peuple Kuku Yalanji a grandement souffert durant les siècles derniers, et il a dû lutter pour retrouver ces droits. Mais désormais, ce peuple va de nouveau pouvoir s'épanouir et retrouver davantage le lien qui les unissait à la forêt de Daintree.

Une culture et des cultes en faveur de l’environnement :

Ce peuple a toujours vécu de la chasse et de la cueillette. Extrêmement liés à la Nature, les Kuku Yalanjis sont un peuple qui habite dans des habitations semi-permanentes fabriquées à partir de bois et de végétation. Ils vivent alors en immersion avec la Forêt. De sorte que la forêt les protège et les nourrit. Mais inversement, ils se doivent alors de la protéger à leur tour. Cette harmonie intrinsèque à ce peuple en fait donc des gardiens idéaux pour ces espaces naturels fragiles.

Actuellement, cette protection se manifeste par la préservation de la flore en éradiquant les mauvaises plantes. Ainsi, les peuples ont pour mission d’éliminer l’Annona Glabra, une plante néfaste pour l’écosystème de la région. En effet, elle remplace les mangroves indigènes et fait disparaître de nombreuses espèces végétales endémiques. Ce type de mission gargantuesque n’est pas sans déplaire à la communauté qui prend à cœur son rôle de protecteur. De plus, leurs savoirs ancestraux ont su faire survivre des traditions et savoirs qui servent à protéger la Nature. Cette action est l’exemple-même de l’implication des autochtones dans l’environnement. Ce qui n’est pas étonnant, car les communautés autochtones mondiales sont à l’origine de 80% de la préservation de la biodiversité du monde. Leurs savoirs et savoir-faire ancestraux en font des experts de la Nature qu’il faut respecter et mettre en avant dans les décisions relatives à la protection de l’environnement.

 

Un bénéfice pour l’environnement et l’écosystème australien :

Une flore unique au monde :

Cette forêt tropicale primaire regroupe en son sein 3 000 espèces végétales. Certaines auraient 180 millions d'années. Ainsi, cette forêt aurait entre 12 et 19 espèces végétales considérées comme primitives. On y trouve presque 1000 espèces d'arbres différentes, dont le pin Kauri qui est le plus grand arbre du monde ! De plus, cette forêt accueille la troisième plus grande mangrove au monde. Cet arbre est essentiel à la préservation des littoraux et ne cesse de diminuer dans le monde entier, ce qui représente un réel danger environnemental. Le patrimoine végétal de cette forêt est donc très riche, et il est important de continuer à préserver cette richesse. La restitution de la forêt de Daintree au peuple Kuku Yalanji est alors un réel atout pour la préservation de l'environnement dans cette région du monde. Car ainsi, on peut être sûr que cette forêt ne sera pas exploitée à des fins industrielles, et que sa flore restera encore intacte même après des millions d'années.

Une faune menacée par l'extinction :

La faune de la forêt tropicale de Daintree est l'une des plus conséquentes au monde. On y trouve 430 espèces d'oiseaux, 30% des reptiles australiens et environ 12 000 espèces d'insectes. On y trouve alors beaucoup d'espèces endémiques, plus susceptibles de subir des extinctions. Parmi les animaux les plus endémiques de la forêt, on retrouve le casoar. Cet oiseau mystique arpente la forêt, et est le symbole même de cette région d'Australie. Il est l'un des héritages de l'ère préhistorique. On peut aussi y admirer la rainette géante à lèvres blanches, le kangourou arboricole, le martin-chasseur sylvain, le papillon Ulysse, ou encore l’iguane (dragon) forestier de Boyd. Cette multitude d'espèces animales ont été menacées plus d'une fois par l'activité humaine. De ce fait, les Kuku Yalanjis pourront désormais protéger correctement ces espèces et s'assurer également de leur survie à travers le temps.

 

Un littoral fragile :

Dans le littoral du Nord-Est de l'Australie, se trouve la fameuse barrière de corail. C'est le plus grand écosystème du monde. Elle mesure 2 300 km de long, et abrite des milliers d'espèces marines. Coraux mous et durs, poissons tropicaux, mollusques, cétacés, étoiles de mer ou encore requins et poissons, cette barrière représente un réel capital naturel mondial. Sa survie est essentielle à la planète. Cependant, l'acidification de l'eau et la pollution menacent grandement cet héritage de la Nature. L'activité humaine est donc à proscrire dans cette région. La mangrove participe également à la protection de cette barrière, mais elle représente également une fragilité qu'il faut protéger. De ce fait, les Kuku Yalanjis ont pour rôle de protéger aussi cette région puisque la forêt s'étend jusqu'à la barrière de corail. Un rôle qui n'est pas des moindres, puisque la barrière de corail et ce littoral ont un réel poids dans l'équilibre de l'écosystème mondial.

 

 

Le peuple Kuku Yalanji a donc un rôle très important. Sa protection est essentielle pour la faune, la flore, et le littoral. Gardiens d'une richesse naturelle mondiale, ils retrouvent leur valeur d'antan et renouent avec leurs racines qui les unissaient à la Terre. Et même si cette restitution territoriale et juridique aura été un combat long et douloureux, les autochtones sont désormais prêt à s'épanouir sur leurs territoires traditionnels. Une avancée qui s'inscrit directement dans les logiques de restitution aux peuples autochtones dans le monde. Une avancée qui pourra guider les différents Etats de la planète à revaloriser leurs peuples natifs et à leur confier de nouveau le rôle officiel de protecteur de la Nature et de la biodiversité. 

Lauriane Canard.

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