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Le cuir exotique : et si on laissait enfin les crocodiles tranquilles ?

Depuis le 17 mai, Burberry annonce enfin ne plus utiliser de la peau de reptile dans ses collections. Le cuir “exotique” qui fait fureur depuis une trentaine d’année serait-il sur le point d’enfin disparaître des magasins de luxe ? Aujourd’hui encore, les reptiles sont très convoités pour leur peau. Conditions d’exploitation illégale, dangerosité pour la main d'œuvre, prix exorbitant et marge de bénéfice immense pour les grandes marques : le cuir “exotique” crée de nombreuses externalités négatives. Mais alors comment réussir à bannir ce cuir et trouver des alternatives ? Retour sur l’exploitation des cuirs les plus précieux du monde. 

 

LE CUIR EXOTIQUE, UNE TENDANCE EN VOGUE DEPUIS LES SIXTIES

En 1960, Yves Saint-Laurent est à la tête de la maison Dior. Il révolutionne la mode avec la création de la première veste en cuir de luxe de l’histoire. Cette veste en peau de croco fait fureur, et le cuir exotique devient une matière première très précieuse. Les maisons de haute-couture commencent donc à exploiter de plus en plus ce nouveau cuir. Dans les années 60, de nombreuses fermes d'alligators et de caïmans sont implantées partout au États-Unis. Les maisons de couture préfèrent exploiter des reptiles d’élevage afin de garantir la qualité de la peau. Peu à peu, ce cuir s'est démocratisé et de nombreuses maisons font de cette matière un élément phare de leur collection. C’est le cas de Lancel et sac peau, Louis-Vuitton, et bien sûr Hermès et son fameux sac Birkin. 

 

Veste en cuir exotique Dior créée par Yves Saint-Laurent , présentée comme de la mode "naturelle", 1960.

 

Sac à main, bracelets, ceinture et bottes, la maroquinerie s’empare du cuir exotique pour répondre à la demande du luxe. Bien sûr, ce commerce représente un énorme bénéfice pour les grandes marques. Les prix ne descendent pas en dessous du millier d’euros pour les pièces les plus petites. Mais certains manteaux et sacs peuvent monter jusque dans les 50 000 euros. La marge de bénéfice est alors énorme et démesurée pour ces grandes marques.

 

Sac Birkin, Hermès

 

De plus, malgré la création de fermes industrielles aux USA, de nombreuses fermes se trouvent en Asie. On y retrouve une main d'œuvre mal payée qui travaille dans des conditions déplorables. Eux-mêmes victimes des grandes industries et de la loi de l’offre et de la demande, ces travailleurs asiatiques subissent cette exploitation terrifiante. Blâmés par beaucoup, il faut comprendre que les conditions d'élevage désastreuses ne dépendent pas de ces petits travailleurs. Mais ce sont les gros industriels qui sont responsables. En favorisant la main d'œuvre pas chère, elles créent des emplois précaires et encouragent les pratiques non-éthiques afin de maximiser les profits.

 

LA DÉMOCRATISATION DE LA TORTURE ANIMAL AU NOM DE LA MODE

 

Au-delà du fait que cette industrie exploite des animaux, il faut savoir que les conditions nécessaires pour obtenir un cuir de qualité sont inacceptables. Les fermes torturent délibérément les reptiles afin de produire un cuir toujours plus parfait…

Les crocodiles sont élevés de façon déplorable. Entassés dans des enclos à peine plus grands qu’une marre, des trentaines d'alligators sont élevés à la chaîne. Parfois pieds et poings liés, ces animaux souvent solitaire dans la nature, souffrent et subissent les diktats de la mode. Puis au moment de l'abattage, beaucoup sont tués de façon barbare. Les éleveurs sont contraints de tuer ces animaux à l’aide de poignard, certains sont écorchés à vif sans même avoir été tués. Des conditions que nous refusons d’accepter dans l’industrie alimentaire, mais qui paraissent totalement acceptables pour l’industrie du luxe. 

 

 

La particularité supplémentaire de cette exploitation, c’est le gonflage des animaux. À l’aide d’une pompe à air mécanique, les éleveurs remplissent les serpents et alligators d’air alors que ces derniers sont encore vivants. Le but de cette manœuvre barbare est de tendre la peau à son maximum et ainsi d'obtenir plus de cuir. Celui-ci étant détendu, il devient également plus facile à exploiter par les tanneurs. Ce processus se révèle particulièrement atroce pour la cause animale, puisque de nombreux reptiles meurent de façon lente et très douloureuse au cours de ce procédé.

Enfin, certains reptiles comme les pythons ne peuvent pas être élevés en fermes. Ils sont donc chassés dans la nature. En plus de subir des tortures physiques, ces reptiles sauvages sont largement menacés. L’exploitation de certains cuirs exotiques diminue alors la biodiversité, richesse la plus précieuse de notre planète. 

 

ET SI LES REPTILES AVAIENT AUSSI LE DROIT AU BIEN-ÊTRE ?

Mais depuis une dizaine d'années, l’industrie de luxe a dû se confronter à une prise de conscience de la part des consommateurs. En effet, l’opinion publique est de plus en plus outrée par ces pratiques ultra-violentes. Surtout lorsque ces pratiques servent une cause comme le Luxe. Le plaisir des yeux semblerait ne plus être un motif assez fort pour justifier cette exploitation. Ce mouvement de contestation apporté par les millenials a permis aujourd’hui aux grandes enseignes de réaliser que l’époque du cuir exotique est révolue. À l'heure de la disparition de la biodiversité et du bien-être animal, torturer des animaux sauvages fait tâche. 

Des bébés crocodiles éclosent dans une ferme thaïlandaise. [A. Perawongmetha - Reuters]

 

Les associations ont largement participé à ce mouvement de contestation. Engagées depuis plus de 20 ans, certaines associations comme PETA ou Greenpeace luttent chaque jour pour bannir cette pratique. Horrifiées par cette réalité scandaleuse, les associations ont dû se confronter à de nombreux obstacles avant de parvenir à faire prendre conscience au consommateur que non seulement les animaux n'étaient pas de simples objets, mais que cette exploitation du cuir n’est pas une nécessité. 

L’industrie alimentaire étant déjà au centre de beaucoup de scandales, il paraît désormais insensé que nous puissions infliger autant de mal aux animaux pour une raison aussi superficielle que l’apparence physique. Ce chemin a également été sinueux, puisque les reptiles sont présents comme des animaux froids et effrayants. Les consommateurs n'étaient donc pas sensibles à leur bien-être, et il a fallu du temps pour que nous acceptions que ces animaux, bien que dangereux dans la nature, ont le droit au respect et à la vie.

 

Des activistes de l'organisation PETA ont manifesté devant le magasin Hermès à Sydney, le 4 mars 2021, contre l'exploitation de crocodiles. [DAVID GRAY - AFP]

 

Mais bien heureusement, ce combat de longue haleine commence à porter ses fruits. En décembre 2018, Chanel avait annoncé la fin de l’utilisation du cuir exotique. Suivi par Burberry en 2022. Ces grandes maisons de couture ont ouvert la marche, mais il reste encore beaucoup de maisons qui doivent passer ce cap. La plupart préfèrent proposer une exploitation dite “plus éthique et transparente”, mais dans les fait les conditions d'abattage restent les mêmes. Mais il faut prendre conscience que la violence infligée aux animaux perdure même dans des fermes qui se proclament plus responsables. 

 

CUIR VÉGÉTALE, LA NOUVELLE ALTERNATIVE

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à faire davantage de choix que nos ancêtres. Consommer éthique ou peu cher, favoriser le luxe ou le responsable… Il devient parfois difficile d’y voir clair. Pourtant, même les "fashion victims" peuvent consommer de la mode de façon responsable tout en gardant un style irréprochable !

 

 

La première chose est donc de refuser de consommer des produits de cuir exotique. On sait bien que les sacs en python et les santiags en croco, c’est canon ! Mais désormais, il existe des alternatives avec du cuir vegan. Fait à partir d'ananas, de kiwi, ou de pomme, certains cuirs végétaux font plus vrais que nature. Ainsi, en plus d’avoir un look de rêve, vous pouvez être éthique et favoriser des industries textiles qui prêtent attention à l’environnement et qui cherchent des solutions pour marier la mode à l’écologie. Certaines marques se spécialisent même dans le cuir végétale qui imite le cuir exotique ; c'est le cas de la marque Arsayo qui propose des sac imitations crocodiles et python fabriqué à partir d'écorce de liège. 

 

 

Si vous êtes sensible à ce sujet, vous pouvez également soutenir des associations qui luttent au quotidien pour le bien-être des reptiles. L’association PETA, leader dans la lutte contre le cuir exotique, met en ligne des pétitions afin de demander à Hermès, Louis-Vuitton et Lancel de stopper leur production de cuir exotique. Alors n’hésitez pas à rejoindre la cause via cette association si vous souhaitez apporter votre pierre à l’édifice. 

 

Lauriane Canard.

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