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Les chats, un fléau insoupçonné pour la biodiversité.

Il y a quelques mois, nous avons évoqué les quelques sept oiseaux tués chaque année par une éolienne. Plus petit, plus mignon et moins sujet à polémiques, une menace bien plus grande pèse sur les volatiles : le chat. Responsables de 113 proies par an en moyenne, nos amis à quatre pattes sont un véritable fléau pour la biodiversité mais sont rarement mis en cause. Domestiques ou errants, ces terribles chasseurs, au nombre de 26 millions en France, représentent un vrai problème, et les solutions ne sont pas toujours évidentes.

Chat-sseur !

A moins d’être sauvages, les chats ne font pas partie de nos écosystèmes, ce qui ne les empêche pas de leur nuire. La chasse est le premier danger que présentent les chats pour la biodiversité. Souvent par instinct, les chats ne chassent pas nécessairement pour se nourrir mais le plus fréquemment pour jouer. Redoutables félins taillés pour la chasse, ils infligent ainsi des blessures mortelles aux oiseaux et aux rongeurs. Une étude du Muséum d’Histoire naturelle montre que 66% des proies rapportées par les chats domestiques sont de petits mammifères. Viennent ensuite les oiseaux (22%) et enfin les reptiles (10%). A l’occasion, il arrive aux chats de faire des victimes chez les amphibiens, les insectes et les poissons. Selon la revue scientifique Nature, le félin serait ainsi responsable de la mort de 6 à 22 milliards de petits mammifères et de 1 à 4 milliards d’oiseaux, chaque année.

Les chats en Australie

La biodiversité australienne, si riche et foisonnante, est particulièrement menacée par les matous. Voici les dégâts causés par les chats sur les oiseaux du pays :

  • 316 millions d’oiseaux tués chaque année par les chats errants
  • 61 millions d’oiseaux tués chaque année par les chats domestiques
  • 338 espèces différentes d’oiseaux touchées (dont 71 espèces en danger)

Au pays des kangourous, qui a pourtant son lot de prédateurs féroces, la majorité des espèces endémiques éteintes au cours des deux derniers siècles doivent leur disparition aux chats. Chaque année, 1,5 milliards de petits animaux et 650 millions de reptiles y sont victimes des félins.

Les idées reçues

Rarement mis en cause pour tous ces dégâts, nos compères les chats sont au contraire félicités pour nous débarrasser des rats, autrement plus nuisibles que les oiseaux. Or, contrairement aux idées reçues, les chats ne s’attaquent pas aux rats, des proies bien trop grosses pour eux. Si la présence des chats dans une zone est souvent corrélée à une diminution de celle des rats, c’est en réalité parce que ces derniers surestiment les risques et se font plus discrets par précaution.

Autre problème insoupçonné posé par les chats, ils menacent également les populations de chats forestiers, moins nuisibles et peu nombreux. Comment ? En leur transmettant les maladies sexuellement transmissibles dont ils sont porteurs.

Sur les 500 dernières années, on attribue ainsi aux chats la disparition de 63 espèces de mammifères, de reptiles et d’oiseaux à travers le monde.

 

3 petits chats, chats, chats…

Si les chats sont aussi nuisibles, c’est aussi parce qu’ils se multiplient à vitesse grand V : sachant qu’une femelle peut avoir 4 portées de 4 à 8 chatons chaque année, eux aussi voués à se reproduire… en 4 ans, une seule chatte, non stérilisée et libre de se reproduire, peut donner vie à l’équivalent de 20 000 félins ! Pas étonnant que le chat soit classé 39ème espèce la plus envahissante du monde…

En France, les chats domestiques sont aujourd’hui au nombre de 15 à 18 millions, et les chats errants environ 11 millions. Une population considérable et en augmentation, qui, au vu de son impact sur la biodiversité, pose la question de sa régulation.

Quelles solutions ?

Différentes solutions peuvent être mises en place pour lutter contre le danger que représentent les chats. Après les dégâts constatés en Australie, le gouvernement a choisi la plus radicale : un plan d’éradication visant à tuer 2 millions de félins a été lancé il y a quelques années. Fusil, empoisonnement… Décriée en Europe pour sa cruauté, la solution australienne avait pour objectif de faire face à la menace urgente de sa biodiversité.

Solution plus douce, la stérilisation est un moyen efficace de contrôler la population de chats sur un territoire. Le trappage, qui permet d’attraper les animaux pour les faire stériliser ensuite par un vétérinaire, est l’occasion de les soigner d’éventuelles blessures ou maladies, mais aussi de les vacciner. Les équiper d’une puce permet également de nourrir la recherche scientifique et d’en savoir plus sur nos amis les chats.

 

Si vous partagez votre vie avec un chat, des contributions à votre échelle peuvent être réalisées en plus de la stérilisation. En voici quelques-unes :

  • Faire jouer votre chat et le stimuler ainsi que lui offrir une nourriture en libre-service limitera ses instincts de chasseurs, qui rappelons-le, ne sont pas nécessaires à sa survie.
  • Equiper votre chat d’un collier coloré ou orné de clochettes le rendra moins discret aux yeux et aux oreilles de ses proies.
  • Les chats chassent énormément la nuit. Evitez de le laisser sortir une fois le soleil couché !
  • Grillager vos murs en pierres sèches empêchera votre chat de s’attaquer aux amphibiens et aux reptiles.

S’il existe ainsi plusieurs moyens de réduire les dégâts de la chasse féline, contrôler leur population par la stérilisation reste la meilleure manière de limiter l’impact des chats sur la biodiversité. D’autant qu’ils sont responsables d’une autre nuisance à l’environnement : grands consommateurs de viande et de poisson, les chats émettent énormément de CO2. En 2017, une étude a montré que la seule alimentation des chiens et des chats américains émettaient l’équivalent CO2 de 13,6 millions de voitures.

 

Léo Pham

 

Sources :

https://www.facco.fr/media/les-chiffres-cles-de-la-profession/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cent_esp%C3%A8ces_envahissantes_parmi_les_plus_nuisibles_du_monde

https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/2-millions-de-chats-en-voie-d-extermination-804280

https://www.youtube.com/watch?v=nNjNwFaHhzU

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiIsI7ujbb9AhVYQaQEHRqXCPEQFnoECA4QAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.francetvinfo.fr%2Freplay-radio%2Fen-direct-du-monde%2Fen-australie-des-campagnes-d-extermination-ont-ete-lancees-contre-de-terribles-predateurs-les-chats_4010403.html&usg=AOvVaw25AofNQhNOS_o9WYTtjxf0

https://hal.science/tel-01993554/

ftp://ftp.mrnf.gouv.qc.ca/Public/DEFH/Publications/2012/Masse%20et%20al%202011%20Nat%20can_chat-domestique.pdf

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